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Elodie Le Breton

Cultiver l'art de la solitude

Qu'est-ce que la solitude ?

La solitude est définie comme l’état de quelqu'un qui est seul momentanément ou habituellement, physiquement et/ou psychologiquement, un état plus ou moins choisi ou subi. On distingue la solitude liée à l’isolement émotionnel et celle liée à l’isolement social.



Vivre seul peut en effet accentuer le sentiment de solitude comme chez les célibataires (selon l'Insee, environ 13 millions en France en 2015) ou les personnes veuves. Par ailleurs, la société tend malheureusement à isoler géographiquement certaines personnes, comme celles qui vivent à la campagne, dans des zones reculées où les services de proximité disparaissent de plus en plus. Le monde évolue et notre culture avec. Les frontières disparaissent et les familles s’éclatent, leurs membres ayant tendance à vivre de plus en plus éloignés les uns des autres. Heureusement toutes ces personnes vivant seules ne ressentent pas pour autant l’état de solitude. D’autre part, un individu peut aussi ressentir de la solitude en étant entouré de ses amis, en couple, plongé dans une foule, … On parle alors de solitude émotionnelle. Dans les deux cas, isolements émotionnel et social, la solitude s'accompagne d’émotions, sensations et sentiments désagréables, comme la tristesse, la peur, la déception, l’ennui, le vide, l'anxiété, l'agitation ou encore la marginalisation et l’exclusion. La solitude correspond donc plus à un état psychique et émotionnel qu’à un réel état physique.


En quelques chiffres, selon L’Express et Psychologies.com, la solitude c'est :

  • 66% des moins de 35 ans qui se sentent régulièrement seuls contre 44% pour le reste de la population - Etude réalisée par l'institut de sondage BVA en 2018

  • 43% des jeunes qui disent connaître la solitude, au moins "parfois", 14% qui se sentent souvent voire toujours seuls et 83% d’entre eux assimilent la solitude à un sentiment d'exclusion - Etude menée par l’association Astrée auprès de jeunes âgés de 12-16 ans, période jugée de fragilité car de pleine construction

  • Un phénomène qui s’amplifie et qui, selon un rapport de la Fondation de France sur les solitudes de juin 2013, touche pour la première fois les tranches les plus jeunes, soit 6% des 18-29 ans, jusque-là épargnés. Une enquête du Crédoc démontre également que la solitude a augmenté en France, faisant passer de 4 à 5 millions le nombre d’adultes français entre 2010 et 2016 qui n'ont eu des contacts qu'épisodiques avec leur entourage / proches (famille, amis, voisins, connaissances, ...).



En quoi la solitude peut-elle être pesante et difficile, voire insupportable à vivre et devenir néfaste ? Retour sur nos besoins et notre condition humaine.

La solitude est très différente selon qu'elle est choisie ou subie. La situation subie de solitude chronique et intense peut être très douloureuse, y compris physiquement. De nombreuses études démontrent d’ailleurs que les relations sociales sont un facteur clé pour vivre plus longtemps, en meilleure santé et plus heureux. A contrario, l'isolement social est souvent associé à une augmentation des risques de développer des problèmes de santé physique et/ou mentale, comme la dépression et des maladies chroniques pouvant aller jusqu’au décès...

En effet, la sensation de solitude nous renvoie à l’origine de notre condition humaine et à la nécessité de vivre en groupe pour survivre. Pour nous permettre la survie par le groupe, le système hormonal humain va notamment sécréter l’hormone agréable dite du bien-être parce que favorisant le lien, la confiance et l’amour : l’ocytocine.

Concernant l’isolement émotionnel, la sensation de solitude attire notre attention sur la non-satisfaction d’un de nos besoins (sentiment d’être incompris, de ne pas faire partie d’un groupe, de ne pas être reconnu / apprécié / aimé, ...), nos peurs (jugement, insécurité, …) ou encore nos croyances limitantes comme celle de l’impossibilité d’être apprécié tel que l’on est vraiment.

Il est alors primordial de comprendre le type et l’origine de cette sensation de solitude pour ensuite y apporter une réponse et une solution adaptées qui se traduiront par la mise en place de nouveaux comportements étape par étape.



Comment « apprivoiser » ces situations de solitude et comment en sortir ?

La clé : comprendre l'origine de cette sensation de solitude et mettre en place de nouveaux comportementaux !

Cela passe donc, comme évoqué ci-dessus, par l’identification de nos vrais besoins et de trouver des solutions pour les satisfaire. Ce travail peut être fait seul par l’introspection et la prise de recul. Être accompagné dans cette démarche, par un professionnel comme un psychothérapeute ou un coach, peut faciliter la mise en perspective, la compréhension du fonctionnement humain et l’identification des actions concrètes à mettre en place.



Issue du bouddhisme, de la psychologie positive et de bien d’autres mouvements visant à augmenter son niveau de bien-être durablement, une première idée est de cultiver le sentiment de gratitude : pour tout ce que l’on a déjà, tout ce qui nous entoure, tout ce qui existe, … se focaliser sur la présence, voire l’abondance plutôt que sur le manque comme le fait de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide ! Nous sommes souvent bien plus riches (richesse au sens large et pas uniquement au sens pécuniaire du terme) dans tous nos domaines de vie que ce que nous pensons.

Exercice de coach : Noter chaque jour dans un carnet ce pour quoi nous sommes reconnaissants et cela va de la gratitude d’être en vie à la moindre petite chose agréable du quotidien comme pouvoir se réchauffer sous les rayons du soleil ou boire une bonne tasse de thé !



Comme expliqué précédemment, les êtres humains ont besoin de liens sociaux, d’appartenir à un groupe et d’être reconnu au sein d’une communauté. Il s’agit alors d’aller au-delà des difficultés, en respectant vos besoins, et de trouver un moyen d’avoir des contacts avec l'extérieur et les gens : rendre visite ou inviter des proches chez soi, avoir des activités récréatives en groupe ou tout simplement aller faire des courses et en profiter pour discuter avec la vendeuse ou le caissier ...

Question de coach : « A quand remonte la dernière fois que vous avez rencontré quelqu’un pour la première fois ? »

L’idéal est de provoquer des rencontres en lien avec nos passions et centres d’intérêt, de favoriser la rencontre régulière de nouvelles personnes et de cultiver les relations épanouissantes. Ce dernier point suggère de se défaire des relations toxiques, néfastes ou qui n’apportent rien de spécialement positif. Il ne s’agit pas d’un jugement de valeur, chacun est différent avec ses forces et ses faiblesses. Il s’agit plutôt de reconnaître que la vie est courte et qu’il en va de notre santé de la partager avec des gens qui nous font du bien et à qui nous apportons quelque chose de positif !


Dans un monde toujours plus ouvert et accessible, certains prendront l’opportunité de s’éloigner pour des raisons professionnelles tandis que d’autres voyageront. La distance géographique peut alors être atténuée grâce aux nouvelles technologies en nous permettant de maintenir plus facilement un lien fort avec nos proches. Encore faut-il pouvoir et savoir utiliser ces technologies, me direz-vous… ou s’en donner les moyens je répondrais ;-) ! Il existe en effet aujourd’hui de nombreuses solutions pour comprendre et utiliser ces nouvelles technologies quels que soient l’âge et la situation sociale : association de quartier, formation gratuite en ligne, ...


Je reviens avec l’idée de voir le verre à moitié vide mais cette fois dans le sens de tirer profit de cette situation de solitude en prenant encore une autre perspective, celle de tirer un maximum de bénéfices de cette solitude a priori subie ! En effet, à l’heure où pour ainsi dire tout le monde se plaint de manquer de temps, dans des moments de solitude nous pouvons alors considérer avoir la chance d’avoir du temps. Il vaut mieux alors en profiter, ne sachant pas combien de temps cela va durer ! C’est le moment de faire ce que nous aimons, de nous reposer, de commencer à réaliser nos rêves, de faire des activités qui nous nourrissent, …


Pour créer du lien et briser le sentiment de solitude, il peut également être intéressant de donner son attention et sa bienveillance à un autre être vivant, humain ou non. Donner de son temps et s’occuper d’autrui permet de se focaliser sur autre chose que ce qui ne semble pas aller dans sa propre vie tout en favorisant la sécrétion d’hormones permettant d'être dans un état agréable comme l’ocytocine, la sérotonine (hormone du respect et de la prédominance sociale) ou la dopamine (hormone de la réussite et de la récompense). Cela peut être aussi d’être en lien avec un animal : avoir un animal de compagnie, faire de l’équithérapie, apporter son soutien aux refuges pour animaux abandonnés ou blessés, … Attention dans tous les cas à ne pas transférer toute son attention sur cet autre être vivant, le but étant de développer du lien et du bien-être et non de s’oublier soi-même ou de masquer sa souffrance.


Continuons sur cette perspective de faire de la solitude une situation choisie et bénéfique.

Pourquoi cultiver les moments de solitude et se donner l'opportunité d'être seul/e avec soi-même ?

S'il est désormais admis que l'on peut être seul/e et épanoui/e, les pressions sociale et familiale restent fortes. La solitude comme situation recherchée et appréciée est alors l’occasion de se développer personnellement et même socialement parlant.



En effet, être seul/e permet, entre autres, d’apprendre à se connaître en prenant le temps de la réflexion, en observant ses pensées, en se reconnectant avec ses sensations, émotions, désirs, ... Ceci amène à la compréhension de ses propres besoins et des manières de les satisfaire par soi-même. Un premier pas vers l’acceptation de soi et de l’amour de soi. Loin d’un narcissisme ou égocentrisme mal placé, il s’agit de qualités essentielles à notre épanouissement individuel et social.

Réflexion de coach : Comment espérer que les autres aient envie d’être avec nous si nous ne nous apprécions pas nous-même… ? Cela laisse songeur, n’est-ce pas ;-) !?!?

Une meilleure connaissance de soi va ensuite déboucher sur l’émergence de ses talents et passions et permettre de faire les choix justes au quotidien pour s’épanouir.


Être seul/e permet également d’être soi-même, sans jugement et sans filtre, c’est-à-dire de se permettre de faire ce que l’on veut, quand et comme l’on en a envie ! L’idée est de retrouver son enfant intérieur et spontané et de croquer la vie à pleines dents sans se poser de questions quant à la bienséance ou autre conditionnement externe limitant !


Être seul/e permet de (re-)prendre sa vie en main de part l’absence d'influence extérieure ou de compromis à faire. On ne fait alors que des choix pour son bien-être et non en fonction des demandes extérieures. Sérénité et soulagement garantis !



Être seul/e permet par ailleurs d’augmenter sa confiance en soi et estime en soi en développant son entière autonomie - autonomie matérielle, financière, émotionnelle, intellectuelle, ... - pour devenir un être accompli, ce qui conduira à pouvoir ensuite être épanoui/e avec quelqu’un d’autre, et ce quel que soit le type de relation (couple, amitié, collègue, …).

Réflexion de coach : Comment envisager ne pas dépendre des personnes de notre entourage si nous ne sommes pas autonomes dans nos choix et manières de vivre ?

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, être autonome, suffisamment confiant en soi et conscient de ses propres limites permet justement de développer sa capacité à demande de l’aide / du soutien en cas de besoin en toute simplicité, honnêteté et humilité, ce qui renforce en retour la confiance en soi.



Être seul/e permet de prendre soin de soi, physiquement comme émotionnellement, l’un et l'être s'influençant respectivement, des études scientifiques le démontrent ! Dans la même philosophie de l’augmentation de son estime de soi et de son autonomie, avant de vouloir absolument se tourner vers les autres pour combler une sensation de solitude, prenons d’abord le temps de nous occuper de nous-même. Cela va de prêter attention à son apparence physique à exprimer ses émotions par l’art en passant par le fait d’avoir un sommeil de qualité et de s’autoriser des petits plaisirs comme aller se faire masser ou aller au spa.


Être seul/e permet également de désencombrer et laisser libre court à sa créativité ! C'est dans l'espace vide et libre que la créativité peut s'exprimer, profitons-en !

Exercices et réflexions de coach : vider entièrement une étagère devant laquelle vous passez plusieurs fois par jour. Observez au fil des jours ce qu’il se passe quand vous passez devant, tant au niveau mental qu’émotionnel. Qu’avez-vous envie de faire dans ce nouvel espace libre ? Quel parallèle faites-vous avec un espace libéré dans votre esprit ? Choisissez alors en conscience ce que vous allez faire de cette étagère et par extension de tout ce qui constitue votre vie (voir les articles et formations pour se désencombrer dans tous les domaines de vie : bientôt en ligne).


Être seul/e permet de panser / penser ses blessures, prendre du recul sur ses soucis et problèmes, mieux y réfléchir, faire redescendre la pression et les émotions et trouver ainsi la meilleure solution.


Être seul/e permet aussi de s’adonner à toutes les activités ressourçantes, qu’elles soient créatives, intellectuelles, spirituelles, sportives… Le but ici est encore une fois de s’épanouir mais également de se ressourcer et de se charger en énergie positive. A consommer sans modération !


Et maintenant, vous allez probablement me dire : " Ok mais concrètement, comment, dans nos journées déjà surchargées, trouver du temps pour être seul/e avec soi-même !?!? "

Ce à quoi je répondrais qu'il n’y a pas de miracle... Comme toutes activités à considérer comme importantes, elle doit être programmée / planifiée dans votre emploi du temps (pour réussir à maîtriser sa ressource temps, voir les formations proposées). Se prévoir donc des moments dans l'agenda avec soi-même, à programmer parmi les actions prioritaires, non négociables et auxquelles il ne faut pas déroger. Par ailleurs, vous trouverez du temps en limitant, voire en supprimant la tendance à la suractivité permanente ! Ce comportement a souvent été mis en place initialement pour diverses raisons qui ne sont plus forcément justes aujourd’hui, comme le fait souvent inconscient de vouloir donner l’illusion d’une vie intense / riche / extraordinaire, pour correspondre à un statut social et donner le change, pour oublier ses soucis et se changer les idées, …

Le but est donc de retrouver la sensation de l’ennui et de la mettre à profit pour se retrouver avec soi-même, apprendre à se connaître et à s'apprécier.

Souvenez-vous : Comment voulez-vous que les autres vous appréciez si vous ne savez qui vous êtes et que vous ne vous appréciez pas vous-même ?!?!

Et comme déjà évoqué également, ce travail de développement personnel peut se faire seul comme accompagné d’un professionnel !


Prenez soin de vous, osez vivre votre vie, soyez heureux !

« Para be happy ;-) »

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